Orgeville – site historique de l’assistance

Orgeville – site historique de l’assistance

La chapelle d’Orgeville est un lieu particulier qui renferme un monument dédié à Louis-Bernard BONJEAN – magistrat exécuté par la Commune – qui porte cette épitaphe:

« Ce monument expiatoire recouvre la terre ensanglantée recueillie sur le lieu où mourut le président Bonjean tombé victime de son dévouement stoïque au devoir le 24 mai 1871, avec les saints compagnons de son martyre ; Mgr Darboy, archevêque de Paris, l’abbé Deguerry, curé de la Madeleine, les R.P. Allard, Clerc, et Ducoudray ».

Une version bouleversante de l’histoire de la famille BONJEAN est à retrouver en cliquant sur le titre suivant:

La colonie pénitentiaire d’Orgeville

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Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

BONJEAN (LOUIS-BERNARD), représentant à l’Assemblée constituante de 1848, et sénateur du Second Empire, né à Valence (Drôme), le 4 décembre 1804, mort à Paris, le 24 mai 1871, était originaire de la Savoie. Il vint à Paris faire son droit, fut reçu docteur (1830), prit part à la l’évolution de Juillet, et se destina à l’enseignement du droit; il y renonça après avoir concouru, sans succès, pour une chaire à la Faculté, et acheta (1838) une charge d’avocat aux conseils du roi et à la Cour de cassation. Divers travaux de jurisprudence, un Traité des actions (1841-1844), une Traduction des Institutes de Justinien, etc., le mirent en réputation. Il entra dans la politique en 1848. Sur une profession de foi républicaine, il se fit élire, le 23 avril, représentant de la Drôme, le 1er sur 8, par 60,836 voix (76,005 votants, 92,501 inscrits), prit place néanmoins à la droite de l’Assemblée, et devint l’interprète des sentiments conservateurs et catholiques qui animaient la majorité, en dénonçant, dès le 16 mai 1848, le préfet de police Caussidière, qui donna sa démission le lendemain, et contre qui des poursuites furent votées trois mois après, et en appelant sur les circulaires de M. Carnot, ministre de l’Instruction publique, le blâme de l’Assemblée. Bonjean vota : 26 mai 1848, pour le bannissement de la famille d’Orléans; 9 août, pour le rétablissement du cautionnement; 26 août, pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière; 1er septembre, pour le rétablissement de la contrainte par corps; 7 octobre, contre l’amendement Grévy ; 2 novembre, contre le droit au travail; 25 novembre, pour l’ordre du jour : « Le général Cavaignac a bien mérité de la patrie»; 12 janvier 1849, pour la proposition Rateau; 22 janvier, pour le renvoi des accusés du 15 mai devant la haute Cour; 21 mars, pour l’interdiction des clubs; 16 Avril, pour les crédits de l’expédition de Rome; 18 mai, contre l’abolition de l’impôt des boissons.

Non réélu à la Législative, bien qu’il eût, le 13 mai 1849, posé sa candidature dans la Drôme, et qu’au mois de mars 1850, il eût obtenu à Paris, dans une élection complémentaire, 125,000 voix, il n’en continua pas moins à se mêler à la politique, se rapprocha de plus en plus de l’Élysée, et fut même appelé par le président, au début de l’année 1851, à prendre le portefeuille de l’Agriculture et du Commerce; mais il ne le garda que du 9 au 24 janvier. Il applaudit au coup d’État, fut compris parmi les membres du conseil d’État réorganisé (1852), et présida la section de l’intérieur. Puis, il entra dans la magistrature impériale, devint premier président de la Cour de Riom (1863) et président de chambre à la Cour de cassation (1865). Le 16 février 1855, il avait été nommé sénateur. On remarqua alors que ses opinions conservatrices prirent une teinte libérale, qui le mit parfois en contradiction avec la grande majorité de ses collègues : ainsi, en 1864, dans la discussion de l’adresse, il plaida la cause de la Pologne, et, en 1866, il fit, dans un discours qui eut quelque retentissement, le procès du pouvoir temporel. Enfin, il intervint dans le débat soulevé par le sénatus-consulte du 8 septembre 1869 en proposant un amendement qui avait pour objet de modifier les attributions du Sénat et même son mode de recrutement. L’amendement fut rejeté, et peu s’en fallut qu’on ne lui opposât la question préalable. Après le 4 septembre 1870, Bonjean resta à Paris et prit part, comme garde national, à la défense de la capitale assiégée. Compris sous la Commune, parmi les personnes arrêtées comme otages, il fut enfermé à Mazas; après d’inutiles pourparlers tentés auprès de Thiers pour l’échange de ces prisonniers contre Blanqui, détenu alors en Bretagne au fort du Taureau, Bonjean fut compris dans l’exécution des otages fusillés à la Roquette par les troupes de la Commune, le 21 mai 1871. – On doit à Bonjeau, outre ses ouvrages juridiques, un certain nombre d’écrits politiques: Du pouvoir temporel et de la papauté (1862), Révision et Conservation du cadastre, Péréquation de l’impôt, etc. – Grand officier de la Légion d’honneur au 14 août 1862.

Une cérémonie s’est déroulée samedi 13 Juillet dans cette chapelle d’Orgeville à la mémoire de tous les défunts de la Commune de Paris. Une messe a été concélébrée avec le Père Jacques Benoist, historien, et présidée par Mgr Emmanuel Tois, évêque auxiliaire de Paris, ancien magistrat à la cour de Cassation. Un homage particulier a été rendu à la mémoire de Louis-Bernard Bonjean fusillé le 24 Mai 1871.

La chapelle désaffectée depuis de très nombreuses années et son environnement avaient été tout particulièrement préparés pour cette cérémonie. Mme Jocelyne Ridard, maire de la commune, ainsi que les membres de l’EAP de la paroisse ont réussi ces préparations dans un délai très court.

Tout le contexte de cet évènement et des détails sont décrits ci-dessous par Véronique Servant:

A Orgeville vivait le Premier Président de la Cour de Cassation, Louis Bernard Bonjean, qui a été pris en otage par les Communards et fusillé le 24 mai 1871 avec l’Archevêque de Paris, Monseigneur Darboy, qui était son voisin de cellule. Avec eux périssaient en même temps, l’abbé Deguerrycuré de la Madeleine, l’abbé Surat archidiacre de Notre-Dame et l’abbé Allard.

Comme le procès en béatification de Mgr Darboy est à nouveau à l’étude grâce à la diligence du Père Jacques Benoist et de l’évêque auxiliaire de Paris Mgr Tois, ils ont souhaité venir voir les lieux de vie de Louis Bernard Bonjean et la reconstitution de sa cellule à prison de la Grande Roquette pendant presque six mois.

Samedi matin, une visite du cimetière d’Orgeville (avec bénédiction), des souvenirs dans l’église Saint Martin d’Orgeville, qui date du XIème siècle, et une messe de requiem pour les victimes de la Commune (toutes les victimes dans les deux camps) a été organisée par Mme France Auphan, descendante du Pt Bonjean qui demeure à Orgeville, à la demande de Mgr Tois. Nous étions en petit comité dans cette minuscule église à nous recueillir sous la houlette de l’évêque auxiliaire, avec Mme la Maire de Cailloüet, madame Ridard, et l’architecte des bâtiments de France, France Poulain. Merci à France Auphan et à Patrice Jacquelin pour tous les préparatifs, et pour le ménage de cette église qui est désaffectée, merci à la Mairie de Cailloüet pour les clefs et pour les chaises. Ensuite, dans l’après-midi, les ecclésiastiques accompagnés par M. et Mme Auphan ont visité la reconstitution de la prison qui est dans le parc du château d’Orgeville, désormais propriété de la municipalité.

Nous souhaitons aux défenseurs de gagner leur cause, pour que ces otages qui ont jusqu’au dernier moment affirmé leur foi et leur espoir en la vie éternelle, soient reconnus bienheureux afin de nous servir d’exemple de fidélité. « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux » disaient-ils.

Véronique Servant